Créer un jardin exotique sous nos climats tempérés

Alexandre Verdelan

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Créer un jardin exotique
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Les français sont nombreux à s’adonner régulièrement au jardinage, dans leur jardin, sur leur terrasse et même à l’intérieur de leur appartement. Le Figaro en dénombre pas moins de 17 millions dans notre pays !

Depuis le développement de la vente en ligne de plantes, l’offre en espèces ornementales a explosé. Il est maintenant facile de constituer chez soi et sans être paysagiste une collection de végétaux originaires des quatre coins du monde. La passion de la botanique pousse le néophyte ou le cultivateur chevronné à créer un jardin exotique sous un climat tempéré. Et cette passion ne semble pas avoir de limite.

Que vous soyez jardinier en région parisienne, dans la région Grand Est ou sur les bords de la Mer Méditerranée, vous pouvez planter une palmeraie, une bananeraie ou créer une rocaille de plantes grasses. Pour vous aider à débuter votre jardin exotique, nous vous présentons dans cet article les tendances actuelles et décryptons les besoins de quelques espèces faciles à cultiver. Quel que soit l’endroit où vous vivez, vous trouverez un palmier, un bananier ou un yucca rustique pour votre climat. Nous vous souhaitons bonne lecture.

Qu’est-ce qu’un jardin exotique ?

Un jardin exotique est un espace planté de végétaux qui ne sont pas autochtones de la région où l’on se trouve. C’est-à-dire que ces arbres et arbustes proviennent d’autres pays. Pour le jardinier français, les plantes exotiques sont celles qu’il n’a pas l’habitude d’observer naturellement en France. Mais dans la pratique, les plantes exotiques utilisées dans les jardins ont généralement un aspect tropical. On retrouve alors des palmiers, des bambous, des cactus et autres yuccas.

Avec les plantes exotiques, le jardinier recherche des feuillages de grandes dimensions, des couleurs et de formes inhabituelles ; des fleurs étranges et odorantes. Avec plusieurs dizaines de milliers d’espèces adaptables sous nos climats tempérés, nous avons le choix. Pas moyen de s’ennuyer en jardinant.

Un jardin exotique est bien souvent un espace d’essais et d’acclimatation. Ces espèces végétales n’étant pas indigènes, elles doivent bénéficier de précautions particulières à leur plantation. Et parfois de soins attentifs tout au long de la saison pour les garder en vie pendant de nombreuses années. Il faut donc bien connaître le sol de son jardin, son climat et la botanique des plantes que l’on veut cultiver.

Pour une plante exotique, la période la plus sensible est l’hiver. Les jardiniers sont souvent très optimistes ou mal informés et plantent parfois des espèces peu rustiques. Et le gel tue les plantes trop frileuses. L’été peut aussi poser un problème dans les régions qui connaissent une sécheresse marquée. Il faut alors reconnaître les signes d’une plante qui à soif et apporter la juste quantité d’eau au bon moment.

Un jardin exotique est l’œuvre de l’inspiration de son créateur. Certains jardiniers apprécient des plantations ordonnées, les symétries et les tailles régulières. D’autres cherchent à créer un effet de jungle ou des compositions qui s’inspirent de la nature. Il n’y a pas de règles à suivre et chacun doit rester libre. Les seules limites sont exercées par la nature elle-même. Il faut donc accepter les échecs. C’est d’ailleurs en perdant de nombreuses plantes qu’un jardinier améliore ses pratiques.

Quelques plantes exotiques rustiques

Il existe un grand nombre d’espèces exotiques que l’on peut cultiver même dans les régions les plus fraîches de France. Celles que nous vous présentons maintenant sont adaptables à la plupart des climats de l’hexagone. Elles sont souvent vendues en jardinerie et disponibles sur les boutiques en ligne.

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Trachycarpus fortunei

Trachycarpus fortunei est le nom latin du palmier de Chine. On le surnomme aussi palmier chanvre, car dans son pays d’origine les fibres qui couvrent son tronc sont utilisées pour fabriquer des cordages.

Cette espèce a été introduite en Europe au 19ème siècle et a été abondamment plantée dans les jardins d’ornement. On le retrouve partout où le climat permet sa culture. Le palmier de Chine est capable de survivre au-delà de -15°C et l’on peut envisager sa culture partout en France, à l’exception des régions alpines. Mais les vagues de froid historiques détruisent des palmiers âgés dans la région Grand Est. Il est donc préférable de planter le palmier de Chine à proximité d’un mur ou d’une habitation, pour qu’il bénéficie d’un microclimat favorable.

Le palmier de Chine connaît une variante dont les feuilles sont plus petites et rigides. Il s’agit de Trachycarpus wagnerianus. Il est moins commun en culture, mais peut-être acheté chez une pépinière spécialisée en plantes exotiques. Le plus facile est de le commander en passant par une boutique en ligne.

Trachycarpus wagnerianus jardin exotique cultivé au Zoo de Beauval (Loir-et-Cher)
Trachycarpus wagnerianus cultivé au Zoo de Beauval (Loir-et-Cher)

Le palmier de Chine peut être rejoint dans votre jardin par d’autres membres de la famille des Arecacées (la famille des palmiers). On peut ainsi créer une palmeraie diversifiée sous nos climats tempérés.

Les autres espèces rustiques sont Sabal minor et Rhapidophyllum hystrix tous les deux originaires du sud-est des États-Unis. Et si votre jardin est proche du littoral, vous pouvez essayer Butia capitata et Washingtonia filifera.

Ces deux dernières espèces se trouvent facilement dans le commerce.

Des passionnés de palmiers poussent les limites de l’extrême et cultivent des dizaines d’espèces dans leurs jardins. Ils se sont fort justement nommés les fous de palmiers. Leur association organise des visites partout en France, mais aussi à l’étranger. Si vous aimez les palmiers, vous devez vous joindre à eux.

Nous vous signalons que la culture des palmiers est parfois compromise par des attaques de parasites. Il s’agit du charançon rouge et du papillon palmivore. Ces parasites sont surtout présents dans le sud-est de la France. Des traitements efficaces existent, mais ils sont contraignants.

Musa basjoo

Musa basjoo est mieux connu des jardiniers sous le nom de bananier du Japon. Ce bananier ne produit pas de fruit comestible, mais ses feuilles géantes sont particulièrement décoratives. Cette espèce est assez communément cultivée dans l’ouest de la France et en région parisienne.

Culminant parfois à plus de 4 mètres de hauteur, ce bananier apprécie les étés chauds, les sols riches en matière organique et les arrosages fréquents. Par contre, le vent peut lacérer ses feuilles, lui donnant alors un aspect inesthétique. Si votre jardin est exposé au vent, plantez-le à l’abri à quelques mètres de distance d’un bâtiment.

Bananier du Japon en floraison
Bananier du Japon en floraison

Le bananier du Japon supporte les températures basses. Mais un fort gel peut détruire les tiges de la plante. Pas d’inquiétude, cette plante est robuste. De nouvelles pousses sortiront de terre au printemps suivant et la bananeraie sera de nouveau superbe pour l’été.

Les jardiniers collectionneur pourront aussi planter Musa sikkimensis, un bananier originaire de l’Himalaya. Il s’agit d’une plante moins commune, dont le dessous des feuilles est rougeoyant. Il est aussi rustique que le bananier du Japon.

Fargesia nitida

Fargesia nitida est originaire de Chine. Il s’agit de l’une des espèces de bambous les plus résistantes au froid. Des sujets bien racinés ont survécu à -25°C. Ses tiges – que l’on nomme des chaumes – montent jusqu’à 2 mètres de hauteur. Il présente l’intérêt de ne pas être traçant. C’est-à-dire que ses rhizomes ne parcourent pas beaucoup de distance dans le sol. Cette espèce n’est donc pas envahissante, contrairement à beaucoup de bambous. Comme tous les Fargesia, il est bien adapté aux petits jardins et peut même être cultivé en bac, sur une terrasse.

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Fargesia nitida survit aux hivers les plus rudes et peut trouver sa place pratiquement n’importe où en France. Par contre, il n’apprécie par les étés très chauds et secs du sud-est de la France. En bordure de la Mer Méditerranée, on lui préférera d’autres bambous, comme ceux qui appartiennent au genre Phyllostachys. Et si les gels sont rares, choisissez le superbe Bambusa multiplex pour le remplacer.

Yucca rostrata

Cette espèce est aussi nommée le yucca bleu du Mexique. Il se retrouve naturellement au nord du Mexique et dans l’État américain du Texas. Avant le début des années 2000, il était très rarement cultivé en France. Il s’agissait d’une plante de collection souvent inabordable pour la plupart des jardiniers. Depuis, des importations massives ont eu lieu et des pépiniéristes espagnols ont entrepris sa culture à grande échelle.

Yucca rostrata est une espèce de plantes succulentes qui est facile à cultiver, si l’on respecte ses besoins. Comme toutes les plantes grasses, il lui faut une exposition ensoleillée et un sol qui ne reste pas humide tout l’hiver. Si vos hivers sont pluvieux, cultivez ce yucca sur une butte de terre ou une rocaille. Si ses racines sont au sec, Yucca rostrata peut survivre jusqu’à -20°C.

Mais en plus de sa parfaite rusticité, c’est son feuillage bleu qui met d’accord tous les jardiniers. Il est difficile de ne pas lui accorder sa faveur. Ce feuillage est persistant. La plante garde un aspect ornemental toute l’année, même en hiver.

Yucca rostrata est apprécié pour son feuillage bleuté
Yucca rostrata est apprécié pour son feuillage bleuté

Aloe striatula

Il s’agit d’une plante succulente originaire des montagnes d’Afrique du Sud et du Lesotho. Dans son milieu naturel, cet Aloe connaît le froid et parfois des chutes de neige. Il est l’un des aloès les plus résistants au gel (jusqu’à -10°C) et son port arbustif en fait une plante ornementale de valeur. Ses fleurs jaunes apparaissent en grand nombre à la fin du printemps et font aussi le bonheur des abeilles et autres insectes butineurs.

massif d’Aloe striatula en fleur
massif d’Aloe striatula en fleur

Cette plante est assez commune en jardinerie. Mais il est facile de la multiplier soit même par le bouturage. En coupant une seule tige et en la plantant directement dans votre jardin, vous obtiendrez en une année ou deux un bel arbuste. Pour vous procurer une tige, consultez un forum d’amateurs de cactus et de plantes succulentes. Vous trouverez bien à côté de chez vous un sympathique donateur.

Comment créer une rocaille exotique ?

Comme nous l’avons précisé plus haut, il existe plusieurs sortes de jardins exotiques. Mais prenons l’exemple de ceux qui ne demandent que peu d’arrosage et qui mettent en valeur des plantes originaires de régions désertiques et plus particulièrement de plantes succulentes.

Une rocaille exotique se compose d’un mouvement de terre et d’un enrochement. La terre peut être récupérée sur son propre terrain, lorsque l’on fait creuser une piscine ou les fondations d’une maison. Si vous ne disposez pas de suffisamment de terre, que des travaux ne sont pas prévus ou que celle-ci n’est pas de bonne qualité – car trop argileuse – il est possible d’en acquérir auprès d’une entreprise de terrassement. Certains entrepreneurs du bâtiment sont contents de pouvoir se séparer de plusieurs dizaines de mètres cubes de terre.

Il n’y a pas de dimension limite à une rocaille. Mais pour que les racines des plantes soient au sec durant l’hiver, il faut qu’elle culmine au moins à 50 centimètres de hauteur. Pensez que la terre apportée va se tasser et s’étaler avec le temps. Il faut donc déposer au moins 80 centimètres à la création de la butte.

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Si vous souhaitez cultiver des plantes grasses, la rocaille doit se situer à un endroit ensoleillé de votre jardin. Ces plantes auront besoin d’au moins 4 à 6 heures de soleil direct par jour, pour pousser correctement. Le soleil d’hiver est important, car il permet d’assécher le sol.

Pour créer un microclimat plus chaud, disposez plusieurs blocs de pierre sur les pentes. Les pierres restituent durant la nuit la chaleur captée au cours de la journée. Placez vos plantes à proximité de ces pierres. Les blocs limitent aussi le ravinement de la terre, durant les fortes pluies.

Pour que les plantations se développent bien et que l’ensemble soit harmonieux, renseignez-vous sur les dimensions que vont atteindre les plantes plantées après quelques années. Bien souvent, les jardiniers plantent trop densément. Le résultat n’est pas toujours ornemental. Pire, les plantes trop proches les unes des autres se font concurrence et ne se développent pas bien. Mais il est toujours possible de déplacer une plante à un autre endroit du jardin. La transplantation se fait au printemps de préférence.

Pour résumer

Les plantes exotiques permettent de créer des décors vivants remarquables. On peut reconstituer une belle palmeraie ou bien une végétation de désert dans la plupart des régions de France. Il est envisageable de s’amuser sur toutes les surfaces. Que l’on soit propriétaire d’un grand jardin ou même d’une petite terrasse.

La clé du succès dans ce type jardinage est de bien connaître les besoins des plantes et surtout leur résistance au froid. Souvenez-vous que les hivers ne se ressemblent pas toujours. Certains peuvent être particulièrement rudes et vous devrez accepter de prendre des risques en cultivant des espèces végétales qui ne sont pas autochtones. Si vous devez créer une rocaille avec des plantes grasses souvenez-vous que ces végétaux ont besoin :

  • Une exposition ensoleillée
  • Un sol minéral drainant
  • Des rochers pour restituer la chaleur les nuits d’hiver

Pour ne pas faire d’erreur à l’achat et perdre votre investissement, rejoignez un club de jardinage. Ces communautés permettent d’apprendre rapidement la culture des plantes exotiques. Et leurs membres échangent ou donnent souvent aux débutants des boutures et des plantules issues de leur production.

Alexandre Verdelan
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